Classée Monument historique en 1961
Cette église placée sous le vocable de Saint Saturnin (ou Saint Sernin), date de la fin du du XIème et du tout début du XIIème siècle. Il s'agit d'une fondation des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Dès leur retour de la 1ère croisade en " Terre Sainte ", ils créaient un village pour la fixation de quelques " soldats pélerins "rescapés et leurs familles qui allaient devenir des " paysans "...une église, un puits ( puits d'Amon), un château. " Villa Sancti Saturnini De Pozolis " était confié à un seigneur, un croisé, cadet d'une brillante famille du Minervois: les PEPIEUX.
En 1210, le 1er château de POUZOLS est démantelé par ordre de Simon de MONTFORT, et son propriétaire, Géraud de PEPIEUX, réfugié à MINERVE y est fait prisonnier lors du siège mémorable et ensuite pendu. L'agglomération, sans défenses, ira se regrouper sur un piton rocheux .voisin. Un nouveau village de POUZOLS , un castrum , mieux fortifié va s'y construire avec un nouveau puits (p. d'Abal) , hélas! moins abondant. Saint Saturnin restera , pour toujours église paroissiale, en dépit d'une grave destruction par les troupes huguenotes du Duc de Montmorency en 1585 pendant les Guerres de religion Son isolement de Pouzols peut surprendre, mais c'est le village, qui, un jour, pour mieux se défendre s'est éloigné d'elle.
Malgré quelques " embellissements " effectués au cours des siècles, (notamment à la fin du XVIIème); Saint Saturnin, grâce à d'importantes restaurations, mais aussi quelques suppressions (diversement appréciées) effectuées de 1951 à 1971 par la population de Pouzols, épaulée par les services des monuments de France, le département et la municipalité, se présente comme une Eglise Romane de pur style Lombard. Les ouvertures plein-cintre sont surmontées d'un cordon noir de scories basaltiques, une marque des bâtisseurs, des ouvriers originaires d'Italie du Nord, spécialistes du Premier Art Roman Méridional en Catalogne, puis en Languedoc, aux XIème et XIIème siècles.
Saint Saturnin avant et après restauration
1] L'Abside, " orientée " vers le Levant, voûtée en " cul de four ", a trois ouvertures plein-cintre à double ébrasement couronnées du bandeau de lave traditionnel. La fenêtre centrale obturée au XVIIème, rouverte en 1951 a un vitrail moderne symbolisant les quatre évangélistes. Les deux latérales, mutilées à la même époque, sont en cours de restauration.
2] Le Choeur, est surmonté d'un arc doubleau (pour renforcer la voûte). Le maître-autel, la table de communion en marbre incarnat rose et blanc des carrières de Caunes-Minervois ainsi que les chandeliers sont du début du XVIIIème. 3] La Chapelle de la vierge, rajoutée au début du XVIème, avec sa voûte d'arêtes gothiques, était, à l'origine, dédiée à Saint Jean l'Evangéliste. Elle servit de sépulture et de chapelle seigneuriale jusque vers la fin du XVIIème. Les ornements sacerdotaux étaient rangés dans le petit placard. Le tabernacle de l'autel , en marbre de Caunes du XVIIIème, abrite le Saint Sacrement. La vierge dorée est du XIXème.
4] La nef , voûtée en berceau plein-cintre, a quatre travées.
5] Le clocher carré. A sa base , s'ouvre sur une petite sacristie voûtée, éclairée par deux archères, une porte étroite couverte d'un puissant linteau sous un arc de décharge. Le tout, surmonté d'une croix pattée de basalte qui rappelle les fondateurs de l'édifice: l'Ordre Hospitalier de Saint Jean. Plus haut, avec l'arc de lave, la porte du clocher, à laquelle le sonneur accédait avec une échelle, jusqu'à la fin du XVIIème . Près du porche d'entrée, qui fut muré et transformé en chapelle de Saint Jean Baptiste de 1670 à 1960, un bénitier en marbre rose du XVIIIème.
6] La porte des morts, au nord, donnait accès au cimetière pour les obsèques jusqu'en 1670.
7] La grande rosace avec le vitrail de Saint Sernin, Patron de la paroisse (fêté le 29 novembre) date de 1883.
8] Les fonts baptismaux en marbre incarnat (XVIIème), sont situés dans une ravissante petite chapelle, qui fut l'entrée de l'édifice pendant trois siècles, de 1670 à 1960. Elle abrite également une statue de la vierge à l'enfant du XVIème, en pierre polychrome: Notre Dame de Fonsalce, " fontaine salée " .Invoquée en périodes de sécheresse. [Elle aurait été trouvée dans la garrigue, au dessus du village, dit une légende.]
Le confessionnal en bois d'une facture rustique campagnarde semblerait dater du XVIème.
L'extérieur, dans le charmant cimetière typiquement méridional, à l'ombre des cyprès complétera cette visite intérieure.
La porte des morts est remarquable, vue de l'extérieur, avec son linteau droit surmonté d'un épais tympan, son arc de décharge plein-cintre, avec, sur le tout, le cordon de basalte habituel. Remarquez les rouleaux de pierre noire surplombant les ravissantes baies géminées aux claveaux blanchâtres soutenus par une colonnette qui achevaient si agréablement la partie supérieure du campanile du clocher primitif.
Notez aussi le chevet avec se deux lésènes supportant les trois arcatures doubles de teinte claire; et leurs petits arcs polychromes noirs rouges et blancs dans les écoinçons qui font une si heureuse liaison entre les claveaux de basalte noir.....
Sources : Pouzols, Mémoire et Synergies -Philippe Bonnafous -